« Moi-même en français »
Transcription
Alice : Bonjour à toi ami·e non francophone, bienvenue dans le premier épisode de Souvenirs de Devenirs ! Dans cette section de mon podcast « Moi-même en français », je te propose de rencontrer un ou une autre amie non-francophone qui te parlera de son rapport à la langue française, comment elle l'a apprise pour être et devenir elle-même en français.
Bonjour Clara !
Clara : Bonjour
Alice : Clara tu es espagnole, tu es hispanophone, donc non-francophone dans le sens où le français c'est pas ta langue maternelle.
Alors qu'est-ce qui t'a poussée à apprendre le français ?
Clara : j'ai commencé le français quand j'étais bien petite à l'école mais après j'ai oublié la langue parce que bon l’anglais, c'est la langue qu'on étudie en Espagne.
Donc quand j’étais plus grande, l’année dernière je me suis dit il faut reprendre le français parce que je l'avais presque tout oublié donc j'ai décidé de partir en France pour faire une séance comme jeune fille au pair. Donc j'ai passé une année entière en France, à coté de Lyon, dans un petit village. Et j'étais dans une famille française donc c'était une séance complètement française.
Alice : Et pourquoi tu as voulu rafraîchir ton français ? 01:55
Clara : Franchement parce que l'anglais je pense que j'avais un niveau bien mais par contre je me sentais pas du tout avec le français et c'était un peu un objectif personnel. C'était un peu un challenge pour moi, c’était « il faut reprendre le niveau que tu avais il fait 10 ans » parce que je pouvais pas avoir une conversation avec un Français, je savais pas m'expliquer. Je savais que j'avais tout l'apprentissage, les connaissances dans ma tête mais je pouvais pas m'expliquer, me communiquer en français. Donc c'était un peu un problème pour moi. Donc je me suis dit « Il faut partir, il faut reprendre ça. »
Alice : Et alors l'année dernière, qui a été l'année la plus riche pour ton apprentissage du français, comment tu as fait pour apprendre – dans le sens de perfectionner ton français ? 03:10
Clara : Comme j'ai dit j'étais avec, j'habitais avec une famille française et je prenais soin des 3 enfants tout petits qui avaient 3, 5 et 7 ans donc il fallait que je parle avec eux tout le temps en français parce qu'ils connaissaient pas d'autres langues. Donc c’était déjà un premier problème, objectif, challenge. Et aussi avec les parents, moi j'adorais essayer de parler un peu sur tous les sujets, d'essayer de pouvoir parler sur toutes les conversations en français. C'était un peu mon objectif. J'essayais de parler tout le temps. Avec les enfants aussi, après c'est vrai qu'avec les enfants c'est un peu plus limité parce qu'ils parlent moins que les adultes mais quand même on avait pas mal de conversation c'était bien drôle !
Alice : Est-ce que c'est quelque chose que tu aimes faire déjà en espagnol ?
Clara : Parler avec les enfants ?
Alice : Avec les enfants, avec les adultes sur tous les sujets par exemple.
Clara : Oui moi j'adore parler avec tout le monde, un bon débat, une bonne conversation ! En espagnol, ça sort tout seul franchement mais en français, au début je sentais que ça me stressait, ça me posait un peu de problème, je connaissais pas tout le vocabulaire sur la politique, c'est un sujet un peu plus complexe donc c'était un peu plus difficile mais pendant l'année j'ai amélioré beaucoup le vocabulaire et surtout je voulais parler et m'expliquer, donner mon opinion donc j'ai bien travaillé ça, donc je pense que maintenant ça va j'essaye de parler tout le temps.
Alice : Effectivement ça a dû être une expérience qui te permet vraiment de travailler sur toi, sur ton français… une expérience sur plein d'aspects de ta vie personnelle…
Clara : C'est ça c'était super.
Alice : Tu as voulu l'année dernière obtenir le DELF B2, donc un Diplôme d'Etude de la Langue Française, du niveau B2 de l'échelle européenne. C'est comme ça qu'on s'est rencontrées puisque je t'ai aidée à préparer une partie, je t'ai accompagnée pour réaliser un peu cet objectif. Pourquoi est-ce que tu avais décidé de passer le DELF B2 ?
Clara : Je sais pas comment ça se passe dans les autres ays mais en Espagne on aime un peu… on demande toujours des diplômes. Pour montrer que tu connais une langue, un programme, tu dois toujours présenter un diplôme. Donc pour moi c'était la manière pour montrer que je pouvais parler le niveau B2 de français mais c’était aussi un objectif personnel quantitatif. Je voulais avoir le niveau B2. « Donc je pars en juillet donc il faut que j'aie mon objectif et le B2 en juillet ; ça signifie qu'il faut travailler la langue jusqu'à avoir le B2 ». Je voulais travailler jusqu'à ce niveau et après on verra.
Alice : Donc quand tu es partie en France, déjà en partant, tu savais que ce serait ton objectif, ce défi personnel d'avoir le diplôme ?
Clara : Oui c'est ça je suis déjà partie avec cette idée. Après je savais pas si ce serait un B2 ou un B1 mais mon idée c'était B2.
Alice : Et alors comment tu t'es préparée pour avoir ce diplôme ?
Clara : J'avais un manuel pour se préparer, et avec toi comme tu as déjà expliqué. Je faisais aussi un cours avec d'autres collègues dans une école à Lyon pour pratiquer la grammaire et tout ça. Ça c'était un peu complémentaire. Mais surtout c'était avec toi parce que je voulais passer l'examen donc c'était se préparer les épreuves du DELF B2 ; les quatre épreuves qui sont la compréhension orale, compréhension écrite, production orale et production écrite. On le travaillait toutes les deux et quand même je faisais des exercices chez moi.
Alice : Oui, c'était très complet, parce que tu t'es beaucoup investie pour travailler en autonomie de ton côté.
Clara : oui, il faut faire ça.
Alice : Justement, j'allais te demander si tu avais un conseil à partager pour la préparation… quel conseil tu donnerais ?
Clara : Premièrement il faut acheter un livre de préparation, ou un site internet qui t'explique parfaitement les épreuves. Mais je pense que les livres qui sont faits pour ça sont parfaitement faits : ils t'expliquent les types d'exercice, comment ça fonctionne les points, c'est bien expliqué. Deuxièmement si on peut faire une immersion linguistique avec la langue c'est parfait. Pour moi, c'était super, génial, c'était pas si difficile de rentrer dans le « mood » français. J'étais tout le temps avec des Français. Et aussi de se préparer avec une préparatrice comme toi parce qu'il faut connaître bien l'examen. Avec les livres ça va mais quand même il faut préparer beaucoup de productions orales écrites que tu peux pas corriger toi-même.
Alice : Pas mal de pratique aussi
Clara : Pratiquer surtout. Et aussi d'un autre côté, c'est bien aussi de regarder des séries en français, lire des livres en français ou même des nouvelles, le journal ça marche. Tous les trucs français que tu peux mettre dans ta vie, ajouter dans ta vie quotidienne ça va aider beaucoup.
Alice : Merci pour ce conseil. Et comment ça s'est passé le jour J de l'examen tu peux nous en parler ?11:14
Clara : Bon j'étais super stressée mais franchement ça allait. La première, c'était l'épreuve de compréhension écrite, orale et production écrite, les trois ensemble. Et c'est un peu stressant, dur, parce que je pense qu'en anglais ils font une petite pause mais pour le français, pas de pause. C'est pas si long comme l'anglais, c'est plus court mais il faut que tu sois complètement dans l'examen. Au début, c'était la première fois que je passais le DELF je me sentais pas 100% sûre. C'était la première fois là-bas, j'étais toute seule, je connaissais pas les lieux, la ville mais après dès que tu commences à écouter la Compréhension Orale il faut être là. Après c'est pas si long, c'est un peu dur de savoir que c'était les trois épreuves ensemble.
Alice : …sans pause. Alors effectivement, il y a trois épreuves qui se passent le même jour, l'épreuve de production orale on la passe un autre jour. Comment ça s’est passé ?
Clara : Pour moi, c'était bien parce que comme j'étais avec la famille, j'ai eu une bonne sensation, j'avais la sensation de parler avec les parents quand j’étais à l'examen donc je me sentais bien. J'ai eu de la chance avec les examinateurs parce qu'ils étaient sympas franchement, ils m'ont posé beaucoup de questions, ils m'ont aussi donné leur opinion donc c'était une vraie conversation. C'était pas comme un examen "Qu'est-ce que tu penses sur ça ? - Bah je pense ça. - Ok et sur ça ?" C'était comme une conversation dans un bar, franchement c'était pas mal, j'étais plus stressée avant qu'après l'examen.
Alice : J'allais te demander… est-ce que tu te rappelles ce que tu t'es dit en sortant de ces épreuves ? Quel était ton sentiment en sortant des épreuves ?
Clara : Les premières, j'ai eu des sensations sur tout. Parce que la Compréhension Orale c'était bien, après la Compréhension Ecrite était un peu bizarre parce qu'il y avait beaucoup de sujets bizarres mais je sais que j'avais une sensation un peu bizarre et la Production Ecrite, je gère super mal le temps donc j'ai pas eu le temps de finir ma rédaction donc c'était un peu bizarre. Je sentais que ça allait être mais je savais que je pouvais le faire mieux.
Alice : Tu aurais un conseil pour quelqu’un qui voudrait passer le DELF ?
Clara : Pour la Production Ecrite, c'est surtout gérer bien le temps. La difficulté... c'était pas si difficile parce que c’était une rédaction normale, c'était un bon sujet c'était intéressant. Je pense qu'il fallait 220...
Alice : 250 mots15:15
Clara : 250. Et j'avais un peu peur au début de ne pas avoir suffisamment et finalement j'avais trop de mots et pas de temps. Donc le plus important c'est gérer le temps. Toutes les choses que tu veux écrire, ça va aller si tu gères bien la construction, l'ordre de la rédaction. Pour moi c'était le temps c'est un peu toujours mon problème. Par exemple, pour la Compréhension Orale, c'est pratiquer, faire beaucoup d’exercices chez toi et même pour la Compréhension Ecrite, je pense que finalement tu vas gérer un peu tous les sujets si tu as fait pas mal d'exercices.
Alice : Ok merci. Bon on peut parler des résultats ? Tu peux me dire ta note ou tes notes je ne sais pas si tu te souviens de tes notes dans le détail ?16:19
Clara : Je me rappelle plus de toutes les notes mais en général j'ai obtenu un 8.6 sur 10 donc franchement c'était pas mal. J'étais pas trop sûre quand je suis sortie de l'examen mais finalement ça allait.
Alice : Ah bah oui ça allait. Je rappelle que pour avoir ce diplôme – en général il est donné sur 100 on totalise les points sur 100 mais c'est vrai que ça revient au même – il faut avoir 5/10 ou 50/100 donc avec 86,5/100 ça allait très bien même !
Clara : Oui ça va, je suis un peu dramatique avec les notes mais parce que comme j'étais pas trop sûre quand je suis sortie de l'examen donc j'avais un peu mal à la tête "et si j'arrive pas à avoir ?!". Il faut avoir un minimum de 5/25 pour chaque épreuve, chaque épreuve c'est sur 25, il faut avoir 5. Je savais que ça allait passer parce que 5 c'est un peu facile mais j'étais pas trop sûre sur la note mais bon finalement ça allait j'ai réussi !
Alice : Bravo je le dis au passage… bravo !
Clara : Merci beaucoup !
Alice : Alors effectivement tu as vraiment atteint objectivement cet objectif, tu as relevé ton défi personnel puisque tu as eu ton diplôme. En plus, c'est un diplôme à vie donc ça veut dire que (je ne le dis pas trop fort) toute ta vie, même si tu perds ton français tu pourras toujours prouver que tu as le B2 en français. Donc ça c'est vrai que c'est le côté très objectif... Est-ce qu'obtenir ce DELF, en général toute ton expérience avec le français, ça t'a aidée à te sentir toi-même ? 18:44
Clara : Oui complètement. J'étais super fière de moi. Après, obtenir le diplôme ça a aidé beaucoup parce que c'était une preuve physique, de montrer j'ai ce niveau ; mais pour moi, je me sentais super fière de moi parce qu'au début je sais que je suis arrivée en France et je pouvais pas trop avoir une conversation avec les gens, je me sentais pas trop sûre quand j'étais, par exemple, je voulais commander quelque chose dans un restau et j'étais complètement en panique, j'étais pas trop sûre que j'allais comprendre la personne qui travaillait là et que la personne allait me comprendre donc c’était un peu le moment de stress, et maintenant je me sens bien "Ah bah là je peux parler !". Donc franchement, ça aide c'est un super sentiment.
Alice : Ah génial… Et alors comment tu continues cette aventure avec le français ?
Clara : J'essaie de garder un peu de français parce que j'ai déjà « compris la leçon » comme on dit en espagnol. Ne laisser pas la langue toujours, sinon tu vas l'oublier. Rester en contact en essayant d'avoir toujours un peu de français dans ta vie sinon ça va être oublié. Pour moi, maintenant je suis à Séville, je fais un cours de français de C1 (le prochain niveau), je me sentais pourquoi pas au long de l'année doucement. Et aussi, j'ai essayé de rencontrer des gens français ici parce que je veux toujours essayer de continuer à parler avec des gens de français. Donc j'ai rencontré une fille qui est française, on se retrouve de temps en temps donc c'est drôle parce qu'un jour on fait français, un jour on fait espagnol donc c'est un peu juste.
Alice : C'est équilibré super…
Clara : C'est super drôle. Et aussi regarder des séries, je pense que j'ai toujours 4 ou 5 livres que j'ai emportés de France pour lire en français. Donc j'essaye de mettre du français dans ma vie et aussi je garde contact avec la famille française. Donc garder un petit peu de français dans ta vie.
Alice : D'accord encore un autre conseil ! Ce sera ma dernière question, j'aimerais savoir ce que le français t'apporte personnellement. Qu'est-ce que la langue française t'a apportée jusqu'à maintenant ?
22:04
Clara : Le français c'est une langue super connue par toute l'Europe. Pour moi, je pense qu'en Espagne la première langue étrangère c'est l'anglais, et la deuxième plus étudiée – au moins avant je sais plus maintenant – c’est le français. Donc je pense qu'on retrouve… moi je suis de Huesca et à Huesca on est à côté de Pyrénées…
Alice : C'est super beau j'adore la région !
Clara : Oui c'est une belle région… très recommandable d'y aller ! Et là on retrouve beaucoup de gens français et forcément si tu as le français c'est plus facile de communiquer avec eux, pour le CV ça aide beaucoup pour retrouver un boulot, ça aide toujours d'avoir une autre langue qui est pas très connue pas partout parce que bon l'anglais on l'a presque tous. Et aussi moi j'aime beaucoup la langue donc c'est ça c'est aussi personnel. Moi j'adore la langue et quand tu commences à comprendre pourquoi ça se dit de cette manière, quand tu peux comprendre les séries c'est incroyable ! Là j'étais super fière quand j'ai commencé à regarder des films sans sous-titres…c’est le moment où je me suis dit « ah non mais là, on a réussi définitivement ! ».
Alice : Excellent !
Clara : Je pense que professionnellement et personnellement c'est très important d'avoir le français. Au moins en Espagne.
Alice : Ok super...peut-être que tu pourras donner quelques conseils de séries ? T'as un nom que tu as envie de partager ?
Clara : J'ai commencé 10%. C'est une série de comédie. La maman de la famille m'a recommandé ça. La maman de la famille regardait ça et elle était toujours morte de rire et je lui disais "mais tu regardes quoi ?!" et elle me disait "10%, il faut que tu le regardes !". J'ai commencé à regarder en novembre (je suis partie en octobre à Lyon) et en novembre je comprenais rien du tout ! Le début c'était avec les sous-titres, j'étais toute perdue et maintenant je la regarde et je comprends bien. 10% c'est le pourcentage qui est gagné par les agents des acteurs et actrices au cinéma, et c'est super drôle, c'est un peu la relation entre les agents et les acteurs et c'est super intéressant. Et je pense que pour les Français c'est plutôt drôle parce qu'ils connaissent tous les acteurs et actrices. Pour les Espagnol-es, c'est pas si évident…mais c'est drôle et c'est une bonne manière de pratiquer le français, et pourquoi pas s'amuser un peu, franchement c'est drôle !
Alice : Et connaître aussi...c'est une approche de la culture française, ça permet aussi de découvrir ça. Je laisserai cette référence sur mon blog pour que les auditrices et auditeurs puissent l'avoir.
25:52
Merci beaucoup Clara d'avoir partagé ton expérience, d'avoir donné tous ces conseils. Ça donne envie de vivre cette expérience que tu as vécue l'année dernière !
Clara : J'espère ! C'était une super expérience. Si vous vous posez des questions sur partir en France comme jeune fille au pair moi j'avais une super expérience donc c'est très recommandable. Et c'est une bonne manière d'apprendre la langue.
Alice : Ah oui et ça a bien fonctionné pour toi je pense qu'on l'a entendu tout au long de l'épisode !
Clara : Merci !
Alice : Bravo à toi… Je te souhaite une très bonne continuation avec le français et tes nouveaux objectifs et défis personnels que tu te lances. Bonne continuation et bonne chance !
26:42 Ami·e francophone j'espère que cet épisode t'aura aidé·e et que c'est un pas de plus pour être toi-même en français !
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