« Je ne peux pas me permettre de perdre mon français. »
C’est comme ça que commence la Lettre du Moi(s) d'octobre… Et c’est dans cet article que j’approfondis ma réflexion pour t’aider dans ton apprentissage du français. Pour t’inscrire à la Lettre du Moi(s)et recevoir des idées inspirantes pour ton apprentissage du français, laisse ton adresse mail dans le petit formulaire sur cette page.
Mais pour le moment, je te souhaite une bonne lecture et une bonne réflexion !
« Je ne peux pas me permettre de perdre mon français. »
Pour une fois, je me cite moi-même. Oui, je suis cette personne qui dit « je ne peux pas perdre mon français. » parce que, en vivant en Espagne, j’ai peur de perdre mon français alors que je suis « prof de français »… à la fois paradoxal et totalement compréhensible non ?
Si je fais une liste, le français pour moi c’est :
- ma langue maternelle, c’est-à-dire ma langue natale, première, que j’ai apprise enfant et qui a structuré ma façon de communiquer depuis bébé
- la langue du pays où je suis née et où j’ai vécu plus de 30 ans, qui véhicule ma culture d’origine, mon point de départ, plus ou moins conscient, quand je suis en contact avec l’Etranger, l'Autre
- la langue de communication avec la moitié de mes proches (famille, amis), c’est-à-dire des relations d’amour et d’amitié, des émotions
- mon gagne-pain* « ce qui me permet de gagner de l’argent », un élément fondamental de mon activité professionnelle
- mon domaine d’expertise, ce qui donne confiance aux non-francophones que j’accompagne
Bref, mon français, c’est moi !
Mais alors si je LE perds, je ME perds ?
Non. Parce que je suis et j’ai beaucoup plus que mon français pour me définir comme personne.
Et toi ? Tu as peur de perdre ta ou tes langue(s) maternelle(s) ? Tu as peur que le français, cette nouvelle langue que tu apprends et que parles, plus ou moins facilement, te fasse perdre ton anglais/ton espagnol/ton japonais/ton vietnamien… ? Oui ? Non ?
…
Et maintenant que tu as répondu à cette question, j’ai une bonne nouvelle : on ne perd jamais sa langue maternelle**.
Bien sûr, on peut avoir ce sentiment quand les mots nous « échappent », c’est-à-dire quand on ne trouve pas le mot qui exprime ce qu’on a en tête, quand on ne trouve plus la traduction d’une expression dans sa langue maternelle ou quand on se demande « heu, ça se dit ça en [ta langue maternelle] ? »…
C’est un phénomène normal qui s’appelle « l’attrition des langues ». Quand on apprend une nouvelle langue, elle entre en concurrence avec les autres langues qu’on parle. Et si en plus, on vit en immersion dans cette langue dans un pays où elle est parlée, l’impression de confusion et de perte de la langue maternelle sera probablement plus forte.
Mais la deuxième bonne nouvelle, c’est que le bilinguisme développe une sorte de « module de contrôle » dans notre cerveau qui permet justement de passer d’une langue à l’autre. Et plus on s’entraîne à le faire, plus le cerveau se muscle… et moins on risque de perdre notre langue.
Si tu as envie d’en savoir plus, il y a tout un site internet qui traite de l’Attrition en langue… en anglais, dommage pour mon français ! ;-)
*une jolie expression qui montre bien que le plus important pour les Français·es c’est de pouvoir s’acheter du pain :-D !
**sauf pour des enfants de moins de 12 ans et pour des adultes ayant souffert des traumas.
Je te félicite Alice, cela signifie que tu es pleinement intégrée en Espagne. Cela ne m'est jamais arrivé, tout au maximum, lorsque j'allais à l'école allemande, nous avions l'habitude de dire quelques mots allemands adaptés à l'espagnol, une sorte d'Alemol. Et il m'arrive aussi de rêver dans les langues que j'apprends et pour cela j'imagine que je parle à un locuteur natif. D'un autre côté, j'ai peur de perdre les langues que j'ai apprises, c'est comme avec le sport, il faut continuer à s'entraîner. Avec toi j'ai l'opportunité de pratiquer, merci pour nous apprendre la belle langue française !!